L’amour qui s’éprouve

domaine des possibles

I. L’autre côté du miroir

« Miroir, Ô mon beau miroir, dis-moi »… Mais, « dis-moi » quoi au juste ? De tout le royaume, qui est la plus belle ? Que tendons-nous à regarder dans cet objet du quotidien omniprésent constitué d’une surface polie qui sert à réfléchir la lumière et/ou à refléter l’image des personnes et des choses ?

Les mots ont un sens, et même plusieurs par analogie. Cherche-t-on grâce à cette surface brillante, unie, sans aspérité (tel un juge de vérité) à évaluer l’apparence qu’on donne au monde (l’image reflétée) ou ce que l’on est (la réflexion de lumière) primordialement ?

Le miroir est-il avant tout un outil de socialisation ? Tel le futile « selfie » est-il le symbole de nos mises en scène ? Est-il un support d’illusion ou un accès au réel ? Il n’y a pas d’objet dans le miroir qu’on observe, seulement de la lumière renvoyée comme si l’objet était là, un reflet inversé. Alors que cherche-t-on dans un miroir ?

Souvent l’œil de l’observateur cherche à savoir ce qu’il renvoie et va renvoyer dans les autres regards dans le cadre de sa socialisation, dans le cadre du récit collectif. C’est une façon de façonner et d’enregistrer l’identité qui sera projetée et de supputer ce qui sera perçu par autrui.

1.1 Persona

Fondamentalement, sauf si un traumatisme le pousse à vouloir être transparent, l’Homme tend à redouter que l’autre soit indifférent envers lui. Forcément incomplet, il cherche donc dans le miroir à savoir quel rôle il a, va ou prétend avoir dans le récit collectif (et individuel) qui s’écrit seconde après seconde. Nous pourrions dire qu’il regarde quelle personne il incarne sachant que « persona » est le mot latin pour dire le masque de l’acteur de théâtre.

Persona, c’est donc le masque que porte l’être humain en société en respect des normes et codes. C’est un accessoire pour se faire une place, avoir un rôle. Ce n’est pas un hasard si en marketing « persona » est un terme pour parler de groupe cible, avec ses attributs, un profil-type.

Personne/persona renvoie donc au masque porté au sein de la vie en société. Un masque comme une identité cocréée. Vu d’un œil totalement extérieur, tout cela ressemble à un jeu de civilisation avec des vies horodatées, chacun allant – tel(le) l’acteur ou l’actrice – de scène en scène (maison, bus, voiture, métro, bar, restaurant, usine, bureau etc.) avec une grande faculté d’improvisation à partir de son rôle. En somme, la société se compose d’acteurs qui s’ignorent, avec des visages d’une très grande diversité, dans une mise en récit qui s’ignore tout autant.

Naturellement nous sommes invités à prendre une place sur cette scène de théâtre globale. Dans quel personnage me verra-t-on ?

Le seul organe de notre corps faisant office de miroir est l’œil. Il observe et il reflète à la fois. Notamment par la pupille qui est en son centre. Le mot « pupille » vient du latin pupilla, pupa, comme « poupée » en raison de la figurine humaine qui s’y reflète. Faites l’expérience, regardez-vous dans la pupille grâce à un miroir, et vous verrez votre corps, de la tête aux pieds, dans celle-ci. Vous pourrez dans ce minuscule miroir vous voir telle une miniature orpheline dans un cercle, qui par ailleurs est le symbole de l’Univers.

1.2 Questions

Un rôle, un masque d’acteurune poupée, une figurine : ne cristallisons-nous pas un leurre à chaque fois que nous regardons ainsi dans le miroir avec l’œil de notre ego qui se prétend œil absolu ? 

La vérité est-elle dans une projection inversée (la droite devient la gauche dans un miroir) donc virtuelle d’une réalité ? Est-elle dans le roman collectif ? Faut-il vouloir plaire et se transformer conformément au mode d’emploi suggéré dans un objectif de représentation sociale ? Faut-il chercher à être vu et/ou reconnu ? Se réalise-t-on dans le barnum social avec une identité manufacturée ? Peut-on être guidé(e) par l’apparence de son propre masque, par la duplicité ? Par les signes extérieurs ? Est-on personne quand on se cantonne à être une personne ? Doit-on vivre dans le jugement et l’opinion ?

Et si le miroir était malgré tout un outil fabuleux pour dépasser les apparences et éteindre les illusions ?

Et si le miroir symbolisait par son cadre les limites que nous imposons à notre être en le faisant sujet (du latin subjectus, soumis, subordonné) social ?

1.3 Conscience d’exister

La conscience d’exister, c’est la perception d’avoir une réalité (ce qui existe pour nous grâce à notre expérience) dans le réel (ce qui existe en dehors et indépendamment de nous).

Quand le nombre de protagonistes augmente dans notre réalité, notre visibilité potentielle décline statistiquement, la concurrence augmente et l’indifférence menace.

L’indifférence donnant un sentiment de néant, elle instille la crainte de ne rien être aux yeux des autres, d’être déclassé(e), ou de ne rien être… tout court. On peut redouter de n’être qu’une goutte insignifiante dans un flot massif ou, pire, au sein d’un bassin stagnant fait de vicissitudes. Les autres gouttes d’eau ayant la capacité de refléter tels des miroirs, le mental en fait des juges (omniprésents) de société. L’ego en souffre. Le poison du ressentiment menace comme l’angoisse d’une finitude.

L’ego pousse chacun à rapidement désirer être une « personne », à avoir un rôle. Il crée donc une dualité plombante avec une version publique de soi. Il y a l’être et la personne. Evidemment, autant que possible, quitte à tricher un peu, le rôle se doit d’être bon, distinctif, valorisant dans l’immense théâtre de l’environnement perceptible, c’est à dire la société. Et peu importe – quelque part – les tourments des autres au delà du premier ou du deuxième cercle. Le reflet du Moi (roi) dans le miroir passe d’abord. Car le cortex préfrontal ventromédian determine la valeur qu’on s’accorde. Et l’estime monte avec l’activation des circuits de la récompense. En conséquence le risque est de se projeter dans l’Avoir et de négliger qui l’on Est.

1.4 Avoir

Dans sa bulle individuelle, dans le reflet du miroir, l’ambition est d’Avoir de façon conséquente, pour se sentir vivant, pour se doter de filets de sécurité, pour s’assurer d’un matelas en cas de chute, tout en montant sur l’échelle (ou la corde) qui sépare de la masse, de l’altérité. L’intérêt personnel, l’ego, l’orgueil fonctionnent comme des moteurs d’émergence générateurs de séparation, de dissociation dans la perspective d’affirmation d’un « je » omnipotent, estimé, et réalisé dans le grand jeu de la société. On perd sa (et la) Nature dans ce rapport à l’extérieur. On se perd, on s’épuise à finalement mimer, imiter l’autre ou à le suivre.

1.5 L’angle de réflexion

Que devient le réel dans notre histoire ? Que devient ce que nous sommes par Nature et par essence ? Le déni – comme la comparaison – est une violence vis à vis de l’altérité et de soi-même. On se perd en s’étalonnant après s’être jeté mimétiquement dans les rets de la socialisation. On erre en croyant se trouver dans les regards, dans les reflets des cristallins, dans les conditionnements, dans les miroirs. Nous sommes tous des miroirs et des observateurs générateurs de réalités, d’enchantements et de désenchantements. Mais la question est de savoir si nous voulons refléter, faire miroiter, choisir une illusion ou nous consacrer au réel. Autrement dit, être Un et aligné ou fragmenté.

Avec nos yeux, avec le miroir, il est possible de (re)garder le Moi OU le Soi. Autrement dit, l’attention peut se porter sur sa personne OU sur son être, élément d’un Tout. Tout dépend de l’intention et de l’inclinaison que l’on donne au miroir. En effet, la véritable Nature ne se montre pas d’elle-même. Elle se propose à celui ou celle qui cherche avec une noble intention et le coeur léger. Donc avec l’angle de réflexion adéquat, miroir en main.

1.6 L’autre côté du miroir, ou comme trouver l’endroit des choses dans l’envers du décor

Resserrons maintenant l’observation dans un face à face avec nous-même. Un tête à tête avec le miroir afin de déterminer où se situe notre propre curseur illusion/réel, comme une tentative de percevoir l’essentiel à ce stade. Car le miroir ne fait que restituer platement, de manière insaisissable et inversée. C’est notre cerveau qui se charge ensuite de donner une réalité, des volumes et un contexte.

1.7 Test

“Les yeux sont le miroir de l’âme” , dit-on. Regardons-nous, regardez vous maintenant dans les yeux grâce à un miroir, l’esprit ouvert, déconditionné(e), sans orgueil, puisque l’œil, outil de vision, porte en lui la faculté de reflet du miroir.

Y voyez-vous une couleur d’iris, une pupille , une forme ? Y voyez-vous une architecture physico-chimique complexe ?

Voyez-vous dans vos yeux un outil de séduction ? Au delà du mode analytique, y voyez-vous un regard, une étincelle de vie, une intériorité, un rapport aimant à l’altérité ?

Que voyez-vous ? Un ego, un mental ? Un esprit, un Moi, un Soi, une âme à laquelle vous ne pouvez pas mentir ? Y voyez-vous une relation vivante, de l’or, du feu ?

Pressentez-vous l’existence d’un trésor en son fond ? C’est une question. Que voyez-vous ? 

Sans utiliser de cases ou réponses toutes faites, sans discours préétabli, sans critiques, jugements, calculs, et même presque au-delà des mots : intuitivement et hors des conditionnements que voyez-vous dans le miroir ? Que voyez-vous à travers vos yeux avec une attention élargie ? Quelle est votre réalité ? Quel est le réel ?

Et si dans votre œil se reflétait une réalité qui n’est qu’une projection du réel ? Et si le miroir était un de ces endroits où l’envers du décor est perceptible à découvert ? Une fois les apparences dépassées…

1.8 L’attention et l’intention

Si le miroir « aux alouettes » s’emploie à tromper (chacun imitant l’autre), à enfermer dans l’illusion des apparences par des reflets factices, l’attention et l’intention servent unies de révélateur, de générateur. Il y a ce qui s’offre à l’œil et ce qu’on cherche à voir. Chacun impliquant l’existence de l’autre.

Séparés et confondus, sujet et reflet ne s’opposent qu’en apparence. En outre l’expérimentateur a son rôle dans l’expérience. Le reflet du réel (passif) scruté devenant la réalité dans l’œil de l’observateur (actif).

Le miroir est donc à la fois le symbole de l’illusion (car reflet inversé d’une réalité impermanente) et potentiellement un outil de (re)Connaissance qui permettra de tenter de rapprocher réalité et réel en se déterminant. Cela après des travaux de polissage (déconditionnement, dévoilement). L’objectif étant d’être en capacité de refléter fidèlement – en s’effaçant – dans un espace réduit tout le réel dans son unique splendeur. Ou de passer de l’autre côté du miroir…

“Beaucoup pensent à vivre longtemps, peu à bien vivre.”

Socrate

II. La voie est toujours sous ses pieds

La Madeleine aux deux flammes – Georges de La Tour

Bien que mortel(le) à chaque instant, nous avons tendance à vivre au quotidien comme un(e) immortel(le). Nous ne regardons la mort en face que quand elle se dresse devant nous, quand elle nous barre la voie.

2.1 Et si…

Et si nous savions… si la date de notre mort nous était révélée, si elle était définie, s’il était écrit qu’il nous reste une heure, deux jours, trois mois ou quatre ans de vie… que ferions-nous ?

Dans le recul sur soi et la prise de hauteur se trouvent une partie de la réponse. Dans cette hypothèse d’un compte à rebours restreint et connu, chère lectrice, aimé lecteur, changeriez-vous votre manière d’être et de voir ? Redouteriez-vous de n’avoir rien été ou pas assez avant de n’être physiquement plus rien ? Chercheriez-vous à plus avoir ou à mieux aimer ? Modifieriez-vous rapidement votre cap en supputant des regrets au terme de l’histoire en cours ? La réponse apportée peut être révélatrice. Iriez-vous vers plus de Moi ou plus de Soi ? Rechercheriez-vous du bien-être ou à être du bien ? 

Le plus important n’est pas le chemin (sur lequel on a le droit de trébucher ou de chuter), c’est la destination. Un morne quotidien peut être illuminé. Mais de crainte de solitude ou d’isolement nous avons souvent tendance à nous positionner à la surface de notre être, tournés vers l’extérieur pour y trouver une forme de nourriture quitte à surfer sur des vanités, à valoriser des expressions de vacuité, à suivre la foule.

2.2 Conte

Faisons maintenant un bond vers le VIIIe siècle afin de relire un conte de Rabia al-Adawiyya. Que dit cette histoire ?

Rabia y est une vieille femme qui voit mal. Elle est dans la rue, en train de chercher quelque chose sur le sol face à sa maison alors que le soleil se couche. Ses voisins viennent l’aider. 

« Que cherches-tu Rabia ? » lui demandent-ils. « Je cherche une aiguille », explique la dame âgée. Ils commencent à l’aider, mais la mission est aussi grande que la rue, trop vaste, d’autant plus que la nuit est tombante. « Tu ne sais pas à peu près où tu l’as perdue dans la rue ? Cela parait compliqué de la retrouver », disent-ils à Rabia après plusieurs minutes de recherche. « Je l’ai perdue dans ma maison », répond la femme. « Mais alors pourquoi nous fais-tu chercher dans la rue ? », s’agace un voisin en se redressant. « Parce qu’ici il y a encore de la lumière et qu’il n’y en a pas à l’intérieur, chez moi il fait noir », dit Rabia en poursuivant sa quête, les genoux dans la terre. « Mais enfin Rabia, tu as perdu l’esprit ! Rentre chez toi et allume une lampe pour la retrouver ! On perd notre temps dehors, l’aiguille n’y est pas… », lance un autre décontenancé. Et Rabia s’esclaffe… avant de dire : “Ah, vous êtes plus malins quand il s’agît de choses triviales ! Pourtant je vous vois tous les jours chercher en dehors ce que vous avez perdu à l’intérieur.” 

2.3 Troisième œil

Si nos deux yeux nous invitent à percevoir à l’extérieur la réalité, un troisième œil tourné vers l’intérieur peut nous faire toucher au réel. Ce qui te manque tu le trouveras dans ce que tu es fondamentalement. Dans l’obscurité, la lumière émise par une chandelle est ce qui permet de la voir. Encore faut-il avoir au moins un œil ouvert pour percevoir la lumière et sa source.

Depuis le début de ce texte une trentaine de questions vous ont été posées. Où êtes-vous allé(e) chercher des réponses ? Nos lointains ancêtres ont crée des rites qu’ils pratiquaient dans des grottes. Ils se sont déplacés dans des temples en tous genres. Avec une conviction, c’est à partir de l’intérieur que s’appréhende le sens, l’essence, la quintessence, le cœur de Tout.

2.4 Errer est une erreur

« Errare humanum est. » Vous connaissez cette locution latine traduite en français par « L’erreur est humaine. » Mais c’est un raccourci. Le verbe latin errare signifie « errer ». Errer est humain, donc. Aller ici ou là, faire fausse route, se tromper dans son cheminement et croire qu’une chose vraie est fausse ou inversement, c’est humain. Mais c’est une erreur. « Erreur » vient donc du verbe « errer ». Et Errer est une erreur. Il ne faut pas persévérer dans l’errance. La connexion se fait en Soi.

2.5 Donner du chemin à ses pieds

Chacun cherche son chas… Chacun cherche l’aiguille et son chas afin d’y glisser le fil de son évolution en tant qu’être. Encore faut-il pour la trouver la chercher. Et la chercher au bon endroit. Endroit qui est réellement à portée de chacun. L’erreur est d’errer. Il faut « donner du chemin à ses pieds », comme disait l’expression en Egypte ancienne. Sans jamais oublier que la certitude éloigne de la Vérité.

2.6 Allons à l’essentiel

Le décor est symboliquement planté. Il ne s’agit pas ici, avec ces textes, de se lancer dans une forme d’élégance intellectuelle qui ne serait qu’un luxe illusoire dans un quotidien pragmatique au sein d’une société individualisante. Non, l’illusion est ailleurs… Alors allons à l’essentiel. Allons trouver – avec l’œil ouvert – l’aiguille là où elle est. Laissons l’inconscient se mettre en marche s’il cherche à se réaliser, laissons s’opérer l’immanence, le processus de connexion, d’individuation à partir de notre matière première. Il ne s’agît pas de se limiter à devenir homme ou femme de lettres mais de s’ancrer comme homme ou femme de l’être.

D’ailleurs, nous pouvons distinguer de la lumière sous la porte (de la Connaissance) qu’il nous est possible d’emprunter. Pas besoin d’être nyctalope, chacun peut retrouver l’aiguille (il n’y a rien à créer, tout est là) sans errer et lucidement « s’interroger sur l’absolu »Encore faut-il penser à la bonne échelle, l’unité de mesure dans le réel étant le 1 de l’Univers. >>

« Le plus beau sentiment qu’on puisse éprouver, c’est le sens du mystère. C’est la source de tout art véritable, de toute vraie science. Celui qui n’a pas connu cette émotion, qui ne possède pas le don d’émerveillement ni de ravissement, autant vaudrait qu’il fut mort : ses yeux sont fermés. » – Albert Einstein

Albert Einstein

III. Le fruit a-t-il conscience de la racine ?

Tentons en conscience des observations sur notre monde actuel sans viser des vérités absolues, des jugements ou des expressions (inutiles) d’aigreur. Essayons d’être un peu lucides, tranquilles, et objectifs afin de planter le décor. Un décor global. Rien de plus. Une perception, avec des mots. Un postulat. Une base de travail. Sans jamais oublier que les certitudes sont illusoires, qu’elles éloignent de la Vérité et qu’il faut douter de ses propres affirmations puisque notre monde n’est en rien une réalité universelle ou fixe.

Ceci étant dit, l’état de notre monde étant également l’état de nos relations, de nos connexions et interconnexions, tenter d’établir une image de celui-ci semble avoir sa pertinence. Du moins pour réfléchir, pour penser une réalité.

3.1 Panorama

L’objectif des prochaines lignes est donc d’être un miroir reflétant aussi fidèlement que possible la matérialité. On ne prétendra pas éviter le piège d’un syncrétisme trop réducteur et simplificateur. Comme celui de la tentation de l’opinion, premier des obstacles (un obstacle n’étant pas une épreuve puisqu’il n’apporte rien si ce n’est faire obstruction) dans l’expression.

Avoir

Nous vivons à priori [selon le miroir ou la grille de lecture de l’auteur de ces phrases qui a conscience que tout cela ne relève pas spécialement de sa compétence et que la vérité ne s’impose pas] dans une société globalement matérialiste dans laquelle le patrimoine, le paraître, le romanesque, la position sociale (ouverte ou fermée), la reproduction et/ou le pouvoir sont considérés comme des critères fondamentaux dans l’évaluation générale du niveau de réalisation d’une vie humaine. Il faudrait donc avoir possédé (au sens large) et toujours posséder au terme de son expérience de vie pour que celle-ci soit jugée comme réussie. Voilà pour la première observation sur le monde. Au moins dans sa version occidentale, mais pas que… Il faut avoir (eu).

Poursuivons. Parce qu’il y a plus d’acteurs (démographie), parce qu’il y a plus d’outils technologiques et plus de moyens de communication, les relations sociales tendent à augmenter en quantité et en vitesse. Par conséquent le potentiel d’exposition et de comparaison s’intensifie. Ce qui est un facteur d‘agitation puisque des vies s’observent, se jaugent en apparence, s’étalonnent, puisque des hiérarchies sociales se consolident ou se créent, puisque notre striatum (dans notre cerveau) commande toujours plus. Dans ce contexte de foule à tendance individualiste, de flots d’informations diverses et variées, de concurrence, de crainte, de vitesse, le verbe Avoir semble prendre toujours plus le dessus sur le verbe Être. Et on constate une dynamique du toujours plus, une surchauffe globale à base de surexploitation, de surconsommation (donc de surproduction), de suralimentation, de surendettement, de surbooking, de suractivité, de surrégime, etc.

“Celui qui ne sait pas se contenter de peu ne sera jamais content de rien.”

Epicure

Peur

Le fameux climat de peur est un vieux conditionnement. La nature est ainsi, il y a des prédateurs et des proies. Sans parler des phobies, fantasmes et autres distorsions irraisonnées. On ne fera pas ici un panorama des peurs humaines. Chacun comprendra juste que la crainte se propage aisément. Car le terreau est là.

Alors, connectée au monde, toute personne susceptible de se sentir en insécurité est suralimentée d’informations perçues comme des motifs de dangers. La tendance est à une accélération et à une densification des flux d’information et de désinformation (production d’ignorance stratégique), à une croissante culture du clash, et à des algorithmes orientés. La présence toujours plus importante des caméras (vidéoprotection ou vidéosurveillance ?) illustrant cette tendance à la peur généralisée dans un monde pourtant statistiquement plus sûr. La perception ne fait pas le réel. Et on aime se faire peur.

Emotions

Ainsi, l’addiction aux émotions en tous genres semble croitre. La consommation répétée et intensifiée de celles-ci appellent à toujours plus de « shoots ». Et à un désir de spectaculaire. Sans mesure, sans recul, sans limite, sans hauteur. D’ailleurs depuis une quinzaine d’années le neuro-marketing existe afin d’exploiter le facteur émotion.

Cinq priorités

Concurrence sociale, environnement sous tension, contexte anxiogène, flux d’informations invérifiables, désir de romanesque, de sexe, mémoire limitée… dans ce contexte la solution est toujours et plus que jamais pour la tribu et l’individu d’Avoir.

D’autant plus notre cerveau est ancestralement programmé dans cette perspective avec cinq priorités (sans modération) : avoir de quoi se nourrir, avoir la possibilité de se reproduire, avoir un statut dans la tribu (une forme de pouvoir, de l’exposition, de l’influence, du patrimoine, des biens, du territoire, etc.), avoir des informations utiles à sa survie, avoir la possibilité d’économiser son énergie afin de ne pas être pris à défaut. La société s’organise autour de ces cinq priorités avec toujours plus de moyens pour les satisfaire sans considérer les dommages collatéraux.

Court terme

Avoir c’est pour l’humain se doter de remparts face aux aléas de la vie. Avoir toujours plus (et au delà des besoins fondamentaux) est la panacée. Et avoir plus qu’escompté est une source de dopamine. Ce qui conduit globalement à une approche court-termiste puisqu’à l’échelle d’une existence humaine, donc de l’ordre de la génération qui ne pense qu’à sa propre survie et qui ne voit pas plus loin que ses inquiétudes, ses désirs, dans son instant.

Cette quête (anxieuse) d’Avoir semble vouloir nier la mort (« l’âme hors » dans la langue des oiseaux). Comme s’il fallait se décomposer devant la perspective d’une limite de vie, d’une finitude corporelle, comme s’il pouvait y avoir des barrages, des alternatives à celle-ci. Ne pas regarder trop loin, obturer, devient la parade du mortel qui veut toujours plus Avoir pour masquer l’horizon.

Avoir plutôt qu’être

Cette approche courante, cette peur supposée prégnante, tendent à déclasser la qualité d’Etre afin de donner stratégiquement la priorité aux moyens d’Avoir. La socialisation – qui en d’autres temps était un moyen de survie décisif (par la tribu) – en reste un.

Faire partie du groupe était le meilleur moyen de survivre dans un environnement hostile et dangereux pour l’animal qu’est l’humain (physiquement plus démuni que beaucoup d’autres). L’héritage informationnel est là : stratégiquement il vaut mieux avoir une bonne place dans la hiérarchie de la tribu pour survivre et plus Avoir. D’autant plus qu’Avoir est généralement perçu comme la manière de devenir un arc-boutant de l’édifice social et le moyen de la liberté individuelle. Ou plutôt d’avoir SA liberté individuelle en société en ayant la capacité d’acquérir. Alors que logiquement, on pourrait plutôt associer la liberté à l’absence de chaînes ou de toute forme d’enfermement. Autrement dit, un rapport à la vie qui n’est pas monnayable. Et puis, en prenant un peu de hauteur, chacun constatera qu’on peut toujours s’accrocher de toutes ses forces à ses possessions, au final on finit par les abandonner.

Garder le je dans le jeu

Cette très majoritaire et mimétique quête individuelle d’Avoir écarte de plus en plus le cycle biologique de vie et vise une hybridation croissante de l’humain avec la machine puisque seule la matière existerait. L’idée obsessionnelle étant d’allonger la vie terrestre, toujours plus, tout en rêvant de panacée, d’immortalité, tout en refusant que le « je » sorte du jeu en 4D (trois dimensions pour l’espace et une pour le temps.) Et dans cette perspective il faudrait consciemment et inconsciemment toujours plus Avoir, toujours plus de technique, plus d’A.I., plus d’algorithmes, plus de moyens, pour s’espérer moins vulnérable, moins limité et moins… mortel en partant du principe que le cœur n’est qu’une pompe.

Hiérarchies agressives

Nous observons également une humanité qui dans sa quête commune d’Avoir – alimentée par les striatums (sous le cortex) de chacun – baigne stratégiquement dans des « tricheries » établies, des différenciations arbitraires, des hiérarchies agressives au sein de son espèce. Des distinctions violentes de valeur pouvant même être réalisées à partir de critères non choisis comme le genre, la couleur, l’origine, l’âge, l’orientation sexuelle, ou encore le handicap. Des formes de classement et de déclassement qui justifieraient le fait d’Avoir plus, et surtout plus qu’un autre. Les règles du jeu sont couramment pipées au départ.

Sans être dans l’opinion, ont peut dire que les pratiques humaines interrogent et ramènent surtout à un point : le statut social a toujours été un garant de meilleures chances de survie au sein de l’espèce. A tel point qu’il est le principal curseur dans les relations entre humains, avec en arrière-plan la loi du plus fort, la désintégration, la violence.

Appropriation rapide

Le traitement infligé par l’ego collectif de l’Homme à ce qui n’est pas l’Homme sur la planète – qu’il habite – va dans ce même sens. Ensemble, en conscience, en intelligence, en alliance, l’espèce humaine devrait être unie vers un cap d’intérêt commun. Nous devrions nous sentir Univers, dans une forme de coopération évidente, une concorde. Mais nous, espèce animale nommée « humains », sommes fléau tant que nous fonctionnons en agrégat d’ego et de striatums, concentré sur l’appropriation rapide. Deux objectifs se détachent socialement : Avoir et donner à voir aux autres (le prestige par les signes extérieurs). Cela sans avoir appris à voir. Car dans le verbe Avoir la lettre A peut être privative de voir.

Multiplications mais divisions

Parvenir globalement à avoir toujours plus matériellement nous fait prétendre que nous avons progressé en tant que civilisation et que nous avons atteint un haut niveau de développement par l’industrie et la technique. Mais cette trame de multiplication s’est accompagnée et s’accompagne d’autant de divisions.

Les frontières bien sûr, les désignations de territoires, de propriétés, l’établissement de catégories, de hiérarchies, de castes, de droits, etc. La liste des fractures est longue et s’allonge.

Bref, à force de multiplier mais aussi de diviser, de séparer, de formater, nos civilisations ont entériné dans l’histoire la souveraineté des ego collectifs pour glisser de plus en plus vers des collectifs d’ego. Or, le véritable progrès (fait d’avancer) ne peut s’entendre comme une dynamique de division mais comme une volonté d’union. Ou sinon, il est « diabolique ». Le terme vient en effet du verbe grec « diaballein », le préfixe dia- signifiant « en séparant, en divisant ».

“Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts.”

Isaac Newton

Absentéisme métaphysique

Justement, dans notre observation générale, nous pensons aussi constater un taux d’absentéisme métaphysique important et une approche globalement autocentrée qui réduit la Terre et l’Univers à un environnement sensiblement identifié, qui réduit tout événement à des causalités et qui réduit toute trame à un flux de temps perceptible.

Une approche basée sur le raisonnement hypothético-déductif et qui croit pouvoir trouver des explications et des solutions à tout, mais qui oublie les bases… et évite soigneusement les étapes propices aux grandes réflexions dites « existentielles » pour ne pas dire « vaines », et mieux les laisser en hibernation. Des pensées qui ne seraient qu’un luxe intellectuel ou un loisir comme un autre, une option. Plus nous avons matériellement plus notre monde invisible semble négligé.

“La névrose est la souffrance d’une âme qui a perdu son sens.”

C.G. Jung

Culture de l’immédiat

On peut aussi supposer que la tendance globale – telle que présentée ici – se traduit par une rassurante fuite en avant pour toujours mieux s’étourdir (dopamine chérie) dans une culture de l’immédiat. Une façon de ne pas se poser les questions primordiales malgré les diverses pollutions.

Les pensées qui permettent une forme d’éveil semblent souvent au rencard. Le véritable éveil étant, précisons-le, décorrélé des recettes de « bien-être » personnel coupé d’autrui.

Enfin, souvenons-nous le sens du mot divertissement : ce qui détourne quelqu’un de l’essentiel. Et remarquez que le divertissement est devenu une industrie. Et même une industrie massive galvanisée par la révolution numérique.

Médias

Parlons également de l’information délivrée par les nombreux médias.

Les contenus, les lignes éditoriales s’adaptent à ce qui est escompté. Les humains étant souvent attachés à leurs idées, ils en changent peu. L’information, la « vérité » pouvant désormais être à la carte (idée au logis/idéologie), le « client » tend à rechercher les sources qui le gratifient, le confortent dans ses opinions, et lui donnent des arguments exploitables.

On regarde ce qu’on aspire à voir, on écoute ce qu’on voulait entendre, on lit ce qui nous conforte dans nos positions. Il y a donc des chapelles médiatiques idéologiques et des ultracrépidarianistes (personnes donnant un avis sans compétence crédible ou démontrée). Ce n’est pas nouveau, mais aujourd’hui ceux qui ont des opinions sur tous les sujets disposent de plus de moyens d’exposition. Surtout, ils se fondent dans l’air du temps : le divertissement. A coups de buzz, clashs, punchlines, polémiques, montages, et autres formes de spectacle.

Ces formes de distraction sont en général les meilleurs leviers pour générer un trafic qualifié synonyme de revenus publicitaires et de datas. Un combo source de financement chez des supports (TV, web, radio) pour beaucoup gratuits. Si le discernement devient difficile dans un environnement d’attractions, de peurs et de virtuel, il existe et existera toujours des chemins de traverse pour se reconnecter. L’art ou la philosophie – par exemple – sont des moyens de la Connaissance. Il y en a d’autres. Et il sera toujours possible de refuser le métavers en cours de développement.

blue way

L’humain n’a pas varié dans ses priorités, mais…

Pour conclure ce constat préliminaire, disons que l’humain n’a pas varié dans ses priorités (se nourrir, se reproduire, avoir une bonne place dans la tribu, avoir de l’information, économiser ses efforts).

Pour preuve, le web, les applications qui tournent autour de ces priorités et combinent ces objectifs. Commander de la nourriture qu’on se fait livrer pour économiser l’énergie de la préparer et même d’aller la chercher, le sexe accessible et les rencontres facilitées, les plateformes et réseaux sociaux pour le statut social, les flux d’informations, le matraquage de divertissements en continu (reçus en mode passif), etc.

L’humain n’a pas varié dans ses priorités, mais il se dote de toujours plus de moyens pour les satisfaire, quoi qu’il en coûte à l’altérité (l’autre, la nature, la biodiversité, etc.), sans modération, sans considération. Dans ces moyens, on trouve par exemple l’industrie ou encore l’Intelligence Artificielle (A.I.) chargée de combler les attentes, de développer, de rationnaliser, d’encadrer, autour des cinq priorités humaines mais (logiquement) sans humanité. Avec le risque immense que cela peut présenter : une A.I. cherchera forcément à contrôler, évaluer, réguler, mettre en ordre. Afin de gérer une société les algorithmes utiliseront – sans les théoriser – les clés stratégiques de la dictature. Cette menace existe alors que nous restons un embryon de civilisation.

Juste un angle…

Attention, il n’est pas question ici, dans ces lignes, d’exprimer une opinion, de faire la morale, de donner la leçon, de dire ce qui est bien ou mal, de critiquer, de souhaiter un monde à son idée, de pousser à méditer. Surtout pas. Il n’y a aucune étiquette à coller. De toute manière, l’effet serait nul, et la démarche inutile, contradictoire, et stérile. Rien ne s’impose. Aucune vérité ne se décrète. Ces mots sont alignés autant que possible sans ego, sans reproche, sans jugement et sans calcul. On dira – dans notre approche – que le propos devient « pertinent » s’il a pu provoquer au moins une question utile chez le lecteur ou la lectrice. Croisons les doigts.

Ici il s’agît de vous proposer modestement un angle de vue, une prise de hauteur, un pas de côté, celui qui peut parfois donner une autre perspective (hors de la caverne), une grille de lecture qui ne se veut ni marginale ni rebelle… ni rien. Ce texte est juste posé là, à disposition.

3.2 Et une proposition

La proposition ici, dans cette vaste lettre, est de mettre en lumière deux éléments capitaux : l’attention et l’intention pure.

Ces deux clés dans la poche de chacun ouvrent possiblement une porte à double serrure. Elles donnent accès à de nouvelles perspectives d’évolution chez chacun au moyen du cerveau (du cortex plus précisément) et du cœur, sans dogmes, sans textes.

La démarche est d’essayer modestement de « comprendre » par un cheminement. Le verbe « comprendre » signifiant « Contenir en soi »« Faire entrer dans un ensemble » et « Embrasser ou saisir par l’intelligence. »

Des sagesses ancestrales aux sciences modernes en passant par la philosophie, et pour peu qu’on décide d’y prêter attention, un point commun s’offre, un point comme un. Nous sommes des fragments, nous sommes des cellules vivantes de l’Univers, comme notre corps compte des milliers de milliards de cellules qui forment les tissus et les organes. Et ce n’est pas un vague discours. La fractalité change tout. Véritablement. Nous sommes.

C’est ce que nous allons mettre sur la table dans les prochains textes avec le renfort d’Albert Einstein, Max Planck, Carl Gustav Jung, Wolfgang Pauli, Platon, David Bohm, et bien d’autres, mais sans marcher sur leurs traces. Nous allons tenter très très modestement un décryptage d’un Devenir individuel et collectif fait d’involution, d’évolution et d’unification.

La proposition faite ici distingue bien « Être » et « bien-être ». Car disons-le, l’idée ici n’est pas de se demander comment se sentir mieux dans sa peau au sein de la société ou de trouver des recettes ponctuelles pour se procurer des doses de bonheur et d’enchantement. La vie est une expérience, pas un problème.

Notre proposition est de prendre de la hauteur, de vouloir aller (simplement) bien au delà des reflets et mirages, jusqu’au point comme un. Et ce n’est pas « suivez le guide ». Il n’y en a pas ici si ce n’est vous-même. Pas de dogme, pas de doctrine chez le cherchant essentiel. Juste une aiguille, la vôtre, et son chas. Juste une invitation pour ne pas stagner en fait néant face à l’incomplétude : persévérez… Percez et vous verrez, par vous-même, grâce à votre aiguille.

“Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine… elle est mortelle.”

Paulo Coelho

IV. Persévérez / Percez et vous verrez

Souvenons-nous de la légende arthurienne du Roi Pêcheur qui met en scène le chevalier Perceval (celui qui « perce le voile » de l’ignorance et de l’illusion). Parce qu’elle illustre une forme de renoncement face à l’essentiel trop courant. Un renoncement ou au choix une errance, de l’indifférence, de la crainte, une souffrance…

En effet, une question et une démarche essentielle sont souvent mises de coté : pourquoi ? Pas le « pourquoi » né d’une faim de curiosité dans la vie de tous les jours. Non, celui qui est trop souvent happé par le train du quotidien. Nous évoquons ici le « pourquoi » plus vaste et plus fondamental. Celui qui crée du lien, donne du sens, ouvre les yeux, fait vibrer, régénère le cœur, et permet d’évoluer, de se centrer. Nous parlons ici d’intention de transformation, processus courant dans toute la nature. Il est question ici du pourquoi absolu qui permet d’ouvrir les yeux et de désirer voir au delà des voiles qui cachent l’essentiel.

4.1 Perce le voile

Rappelez-vous l’épopée de Perceval (celui qui « perce le voile »), parti à l’aventure sur sa monture. Il arrive sur des terres sinistrées, dans un environnement qui semble sans vie. Comme si la nature souffrait de dépression. Les maisons ne semblent pas réellement habitées. Le chevalier aperçoit un vieil homme en train de pêcher dans une rivière relativement asséchée. Il se rend auprès de cet ancien qui se trouve être le Roi. Le souverain est un homme malade de ses blessures qu’il ne parvient à guérir. Un état qui rejaillit sur son royaume, sinistre. Le Roi déprimé se contente d’aller à la pêche alors qu’il sait qu’il n’en ramènera rien.

Malgré son état, il offre – en homme de qualité – à Perceval gîte pour la nuit et couvert en son château. Ce que le jeune homme accepte même si le chemin pour s’y rendre est ardu. En effet, il faut passer par une faille rocheuse (trop étroite pour qu’un ego vigoureux et incompatible avec une quête initiatique ou une évolution spirituelle ne s’y glisse). Si le château est magnifique et contraste avec le reste du royaume, ses habitants semblent malheureux. L’endroit n’est que silence et tristesse. L’heure du dîner arrive, Perceval en tant qu’invité d’honneur prend place à côté du Roi. Étonnamment, les nombreux mets sont raffinés, le vin est divin. Le repas contraste avec la déprime prégnante. Mais il n’apporte aucune joie auprès de la cour.

Surprise, un merveilleux et curieux cortège traverse la salle. Il est composé en sa tête d’un jeune homme blond, tout de blanc vêtu. Il tient une lance sur laquelle glisse un peu de sang. Suivent deux jeunes hommes tenant des chandeliers d’or. Derrière eux, une femme d’une incroyable beauté avec un plateau d’argent aussi remarquable que flamboyant, sur lequel se trouve une coupe d’or sertie de pierres précieuses. Cette coupe rayonne et diffuse les plus envoûtants reflets de lumière. Le cortège passe une fois, Perceval n’ose parler. Puis une deuxième fois. Puis à une troisième reprise. Le chevalier n’ose interroger le Roi pour comprendre la motivation de ce cortège magnifique, atypique et inattendu. D’autant plus qu’à chaque passage, les lamentations se font plus fortes à table et les pleurs plus nombreux. Notre héros, incommodé, choisit la tangente et ne demande pas d’explication à ce spectacle. Il choisit la facilité et ne cherche pas à comprendre le sens de tout cela. Après ce bien étrange dîner, Perceval rejoint sa chambre pour la nuit.

Le lendemain matin le chevalier découvre un château désert. Il retrouve son cheval dans l’écurie et quitte les lieux. Sur le chemin, une cavalière fonce vers lui et l’interpelle« Tu es un mauvais chevalier ! Pourquoi n’as tu pas demandé au Roi ce qu’était ce cortège ? Cette simple question aurait provoqué sa guérison et redonné vie à notre cité ! Mais tu n’as rien fait, tu n’a porté aucun intérêt ! Va maintenant vivre tes aventures, mais que ta conscience ne trouve pas de repos tant que tu n’auras pas réparé ta mauvaise action ! » Puis elle repart aussi promptement.

Désigné coupable par cette femme venue de nulle part, Perceval entend retourner au château du Roi Pêcheur afin de corriger son erreur, afin de porter attention à ce qui était sous ses yeux, avec une autre intention, et libérer le Roi de sa souffrance et le royaume de sa petite mort. Mais il erre, se perd. Il ne retrouve pas le fameux château.

Plus tard, Perceval raconte cette histoire à la cour du Roi Arthur. Tous les chevaliers décident de partir au secours de ce royaume dévasté par la douleur de son Roi. Et c’est Perceval qui est le premier à le retrouver. De nouveau invité au dîner du château, il ne manque pas l’opportunité au passage du cortège et demande au Roi son sens. Ce simple « pourquoi ? » venant du cœur redonne comme par magie (car l’âme agît) la vitalité au souverain, au pays, aux siens, qui n’attendaient que cela. Car on ne peut rien pour celui qui ne pose pas de questions.

4.2 Graal

Le Roi Pêcheur révèle à Perceval que la coupe est le Graal. Dans son interprétation moderne il est un objectif difficilement réalisable, mais qui apporte de nouvelles connaissances et/ou permet une application originale sur la matière. D’ailleurs on qualifie la théorie de grande unification (théorie du Tout) de « Graal des physiciens ». Le Graal, un Tout… L’essence de l’Homme est le questionnement dynamique. Encore faut-il qu’il soit motivé par une juste intention et capable d’une véritable attention. Tout est déjà là, si près, il n’y a rien à inventer, juste se reconnecter, se retrouver, pour être digne de lever le voile. Chaque interrogation est une porte que l’on ouvre. Surtout, la matière première (materia prima) est proche. Mieux, elle est en nous.

Symboliquement, cette légende explique que, sans ouverture, sans quête et sans cœur, tout se déprime, rien n’évolue, l’incomplétude demeure. Sans œuvre personnelle au sein d’une œuvre collective, pas de Grand Œuvre. Ce conte explique qu’on choisit de demander et de recevoir une impulsion. Le libre-arbitre est respecté. Cette histoire raconte qu’on peut mourir de soif à côté de la fontaine, ne pas se nourrir alors qu’on est convié à a table des sagesses. Le déconditionnement est un cap à passer lorsque l’on est en quête de Connaissance et de réalisation de l’Amour Inconditionnel au delà des apparences trompeuses entretenues par l’ego.

Cette intention, à elle seule, enclenche le processus. Cette histoire invite à tendre vers la découverte de la quintessence. Car c’est sur ce chemin de l’individuation que chacun peut trouver sa place. Mais il faut le premier pas. Dans cette histoire du Roi Pêcheur, la cité périssait à cause d’une confortable indifférence, d’un somnambulisme existentiel, fruit d’une négligence en termes d’attention et d’intention. Un défaut de conscience qui se répercutait dans la matière. Et pourtant le Graal, ce trésor absolu, était juste là, à portée, sur un plateau. Encore faut-il vouloir se saisir de la matière première pour débuter sa propre évolution. D’abord par un simple « pourquoi » qui n’apporte pas une réponse construite sur une induction ou une déduction, mais qui montre fondamentalement la voie vers une destination. L’éveil intérieur amorcé demeure. Il commence par le fait de se reconnaître soi-même tel que l’on est. Par regarder, re-garder, garder enfin ce que l’on a perdu.

4.3 Persévérez ! Percez et vous verrez !

Dans les légendes, chaque héros a son propre parcours. Les aventures diffèrent, mais elles mènent à un Graal. Elles conduisent chaque être vers lui-même. Car le mystère n’est pas en dehors. L’âme de l’Univers nous invite à être unis vers… le Un, tout entier. Persévérez ! Percez et vous verrez !

ÉTYMOLOGIE UNIVERS – Lat. universus, tout entier, universum, l’univers, de unus, un, et vertere, tourner : rassemblé, mis en un. [Dictionnaire Littré]

V. Il était une fois l’Univers (auquel nous appartenons)

L’immense majorité de l’immense et dynamique Univers demeure invisible à nos yeux et échappe à nos perceptions. Il est composé à 95% de matière noire et d’énergie noire (« noire » parce qu’invisible). Et aujourd’hui la science ne sait pas trop de quoi il est question. Sauf que nous percevons leur présence par leurs effets gravitationnels sur la matière ordinaire (les 5% restants qui sont visibles) ou l’Univers dans son ensemble.

5.1 Energie noire / matière noire

Comprendre cette matière et cette énergie omniprésente bien qu’invisibles à nos yeux, c’est comprendre le destin de l’Univers et trouver du sens… en partie la quintessence. Notamment, l’énergie noire qui représente à elle seule 70% du contenu énergétique de l’Univers. Oui, il y a du sens là-dedans et certainement de grands secrets. La matière noire (85% de la masse totale de l’Univers) crée du lien dans l’Univers, sans elle il ne serait que chaos, sans elle l’Univers serait inhabitable. La matière noire traverse et façonne les planètes et les étoiles. Elle est le ciment de l’Univers. La main qui façonne, qui structure les galaxies depuis la nuit des temps.

5.2 Big Bang et inflation cosmique

Depuis 1929 et les observations d’Edwin Hubble, on sait que l’Univers est en expansion. On suppose (la question est encore ouverte) qu’il part d’un Big Bang il y a 13.8 milliards d’années. En fait, tout partirait d’un point : « l’atome primitif » qui se lance dans une expansion effrénée sous l’action de l’énergie noire.

Instant zéro ?

La question de l’origine de l’Univers reste ouverte, car si les chercheurs arrivent à « remonter le temps » dans leurs observations à 10-43 seconde après le Big Bang, le t=0 reste inaccessible. Les équations présentent alors une singularité (comme avec tout trou noir), c’est à dire que la température et l’intensité deviennent infinies ! C’est le « mur de Planck », les équations s’effondrent car il faudrait que la théorie de la gravitation s’unisse à la physique quantique (une gravité quantique) pour aller plus près du zéro. La densité, la température deviennent telles… qu’on ne peut plus calculer. Pire, les ébauches jusqu’ici d’unification de la relativité générale et de la physique quantique qui permettraient d’atteindre l’instant zéro… déplacent l’instant zéro.

Et puis penser l’origine de l’Univers… c’est aussi penser l’avant… donc l’absence de l’Univers. Il faut donc penser le néant alors qu’on ne peut pas le penser sans lui accorder un statut qu’il ne peut avoir puisque c’est le néant. Compliqué. Nous sommes à la limite de l’aporie (contradiction insoluble dans un raisonnement). C’est pourquoi on peut préférer parler de « non manifesté » hors du temps et de l’espace plutôt que de néant. Ce qui semble pertinent par ailleurs. Comme l’idée que notre Big Bang serait juste un événement dans un autre Univers et que d’autres naissances aient existé auparavant. On pourrait aussi parler d’un rebond après une contraction. Donc pas de zéro mais un volume minimum (de l’ordre du quantique) au dessous duquel on ne peut pas aller.

Donc s’il y a une origine de l’Univers mais pas d’instant zéro, c’est qu’il y a forcément quelque chose d’autre. Un non-être (qui n’est ni ceci ni cela et pourtant Tout) avant l’être spatio-temporel… ou une autre forme insaisissable. L’instant zéro serait donc une transition, un rebond, une semence, ou une transcendance. Ou tout aussi possiblement il n’y a ni début, ni fin. En effet, la notion de flux de temps est plus que discutable… puisque à l’échelle humaine, en 4D (nous y reviendrons).

Des univers ?

Et puis… qui nous dit qu’il n’y a qu’un seul Univers ? Je vous renvoie vers la théorie des multivers qui pourrait expliquer aussi l’existence des trous noirs. Ou à votre intuition. Ou encore à des sagesses ancestrales qui évoquaient (à des périodes où l’on ne connaissait même pas la notion de galaxie) des milliards d’univers liés par paires dans Un grand Tout (il y aurait au moins 100500 univers possibles d’après les équations de la théorie des supercordes).

Ce qui voudrait aussi dire que notre Univers a un jumeau – comme le positron est l’antiparticule de l’électron – au sein d’une gigantesque masse d’univers. Beaucoup de questions restent donc ouvertes. Et le Big Bang pourrait représenter les limites actuelles de la construction théorique. Zéro à la puissance zéro (noté 00) est une expression mathématique qui n’a pas de valeur évidente. Mais il est généralement convenu que la réponse est 00 = 1. Une égalité mathématique vertigineuse qui pourrait expliquer pas mal de choses sur la grande subtilité du non manifesté.

L’expansion d’un atome primitif

C’est donc à partir de 10-43 seconde après le Big Bang que la science constate le début de l’expansion accélérée de notre Univers à partir d’un unique et minuscule point: on l’appelle « l’inflation cosmique. » Depuis 1998, on sait que cette expansion est de plus en plus rapideTout part donc d’un petit point qui reste un objet et qui n’est pas une enveloppe.

Ceci est fondamental ! Toute l’histoire manifestée se construit à partir d’un petit point, un atome primitif (répondant aux principes de la mécanique quantique), qui reste un objet (plein) et qui n’est pas une enveloppe (avec du vide), pas un conteneur. Notre Univers est un objet, une entité cosmique, des champs les uns dans les autres agités par des vagues, et pas une enveloppe, pas un conteneur : nous ne sommes pas DANS un Univers, nous faisons PARTIE de notre Univers. Et il est quantique par nature. Et jamais vide puisqu’il n’y a jamais Rien. Par conséquent, si l’Univers nous demandait « Qui es-tu ? », la seule réponse logique à donner serait : « Toi-même » puisque nous sommes un même objet, une même entité.

Ajoutez à cela que l’Univers – que nous constatons – est homogène (de même nature, uniforme) et isotrope (qui présente les mêmes propriétés dans toutes les directions), et bien le cocktail est relevé ! Car cela veut dire qu’ici chaque chose (donc chacun d’entre nous pour revenir à des considérations humaines) est liée, interconnectée, possède intrinsèquement les mêmes informations fondamentales, est mue par la même énergie vitale, est un même objet. A savoir pour beaucoup la fameuse énergie noire qui permet l’expansion de l’Univers et qui le rend habitable avec la matière noire malgré le chaos ambiant.

Rappelez-vous, l’expansion accélérée de notre Univers est provoquée par l’énergie noire via une gravité répulsive. Mais on ne sait pas ce qu’est cette énergie noire, invisible. Si ce n’est un vide qui ne l’est pas énergétiquement. Elle est partout dans l’espace et ne se dilue pas malgré l’expansion.

« Elle est présente entre les galaxies comme elle est présente dans cette pièce. Nous pensons que dans tout lieu, où il a du « vide », il y a inévitablement un peu de cette énergie noire » , expliquait Adam Riess, astrophysicien et cosmologiste qui fait partie de ceux qui ont mis en évidence en 1998 le phénomène d’accélération de l’expansion de l’Univers.

Plan algorithmique de l’Univers / Cellule humaine / Structure de la Terre

Analogie

L’astrophysicien français David Elbaz établit une analogie intéressante. Un arbre comme le chêne est composé des mêmes proportions que l’Univers. L’énergie noire correspond au tronc (70% du poids du chêne), la matière noire aux branches (25% du poids), la matière ordinaire aux feuilles, c’est à dire les 5% restants. En tant qu’être humain nous ne voyons et connaissons que les (couvrantes) feuilles du chêne Univers… la matière ordinaire. C’est bien peu. Si on détache une feuille de l’arbre, elle meurt. De la même manière, si on détache la matière ordinaire de la matière noire, elle meurt. Si on prend deux feuilles séparées d’une certaine distance, lorsque la branche grandit, ces deux feuilles s’éloignent. Si on prend une feuille deux fois plus loin, avec la croissance de la branche, elle s’éloigne deux fois plus vite parce que chaque morceau de branche grandit d’une même entité. Et si vous prenez le tronc, il pousse le tout à s’agrandir plus vite, cela… telle l’énergie noire. « Donc l’arbre suit la règle de Hubble. Il suffisait de prendre un arbre comme le chêne pour tout comprendre sur l’Univers ! » constate le scientifique du CEA.

Voie lactée – Source : University of Wisconsin–Madison

5.3 Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas

« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas, assurait il y a bien longtemps Hermès Trismégiste (ou son mythe). Et comme toutes les choses sont sorties d’une, à travers la pensée de l’Unique, de même toutes choses sont nées de cette chose unique, par adaptation. » Intéressante concordance. Et ce n’est que le début…

Mais, faisons une mise au point : dans notre approche l’Homme n’est pas central dans l’Univers et encore moins une finalité. Il n’est ni auteur ni chef d’orchestre. Il est une forme d’existence endogène au sein d’un ou plusieurs Univers avec une forme de conscience inaboutie.

5.4 Quelle est notre adresse ?

La NASA a comptabilisé 300 millions d’exoplanètes potentiellement habitables rien que dans la Voie lactée (aux centaines de milliards d’étoiles comme le soleil). La Terre n’est pas une exception. Copernic l’avait compris et expliqué. Elle est une toute petite minuscule chose. Nous habitons la Terre, dans le système solaire, lui-même dans la galaxie de la Voie Lactée, qui avec quelques dizaines de galaxies forment le « groupe local », lui même dans un énorme rassemblement de galaxies, un superamas nommé Laniakea parmi d’autres superamas. Et un millionième (seulement) du volume de l’Univers a été cartographié (dynamiquement). Une localisation relative. Alors sachons considérer ce que pèse l’humanité de la planète Terre… Pas même un grain de sable. Remettons l’Humain à sa juste place. Un point c’est tout.

Laniakea
Laniakea

L’anthropocentrisme est surtout l’expression de l’orgueil d’une espèce dotée d’ego et qui justifie ainsi le fait de tout accaparer en meute aux dépens des co-habitants de la planète. Sans y trouver paix, joie ou bonheur par ailleurs. Mais être minuscule n’empêche pas l’accès au plan neutre/ordre implicite/inconscient collectif. Involution et évolution restent de l’ordre du possible pour chacun ou chaque chose.

Nous sommes des poussières d’étoiles

Dans l’Univers, tout est relié, les trous noirs, les champs magnétiques, tout. Par ailleurs, l’astrophysicienne Aurora Simionescu a révélé tout récemment qu’il y avait du soufre, du magnésium, du silicium et du fer partout dans l’Univers. Partout. Y compris ici et dans nos organismes. Une découverte capitale. Les ingrédients de la vie sont présents dans l’Univers entier. L’explication, les trous noirs supermassifs, très actifs après le Big Bang, il y a dix à douze milliards d’années, et les Supernovas (implosions d’étoiles en fin de vie). Ensemble (explosion et projection), ils ont propulsé des particules dans tous l’Univers. « On peut dire que les Supernovas sont nos mères et que les trous noirs sont nos pères », commente l’astrophysicienne du SRON, au Pays-Bas. 

Nous sommes des poussières d’étoiles. Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas… Symboliquement en tout cas, puisqu’il n’y a pas de haut et de bas.

Toile cosmique

Relevons également l’existence d’une « toile cosmique » (tel un réseau de galaxies avec des échelles inimaginables pour l’humain) composée de filaments de matière noire (et d’anti-filaments), qui valide l’idée d’un gigantesque Tout connecté, intriqué. Les galaxies se fixant en général sur ces filaments toujours plus importants par fusion, et qui sont comme une structure fractale (la même propriété à toutes les échelles).

Nicolas Camille Flammarion

Au passage, il est amusant de constater que dans les considérations générales – comme dans les représentations artistiques – l’Univers est synonyme d’étoiles, de calme, de vide, de paix, alors que l’agitation tend à y régner… L’Univers s’oppose à ce que nous percevons spontanément avec nos sens de Sapiens. Le vide que nous croyons voir est dense, saturé, ultra plein de matière et d’antimatière. Aussi agité que des réseaux de spin.

5.5 95% d’inconnu

Quoi qu’il en soit, on peut affirmer qu’après les deux révolutions du XXe siècle (relativité générale et mécanique quantique), il manque un concept universel à la cosmologie qui permette une articulation, une théorie homogène, une juste perception de notre Univers composé à 95% de matière noire et d’énergie noire, donc 95% d’inconnu.

Toutefois, cinq pourcents suffisent à s’élancer sur la voie de la Connaissance. Un long chemin commence par un premier pas. Des surprises sont à venir dans notre perception globale aux interactions invisibles mais réelles, hors des notions dissociées d’espace et de temps. Aujourd’hui des physiciens et des mathématiciens évaluent à onze le nombre de dimensions (théorie des supercordes/théorie M) à l’échelle universelle. De quoi surprendre le commun des mortels pour qui scolairement il n’existe que quatre dimensions, trois spatiales et une temporelle. C’est à dire celles qu’il peut percevoir.

Onze dimensions

Et pourtant l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a découvert que le cerveau humain était rempli de structures géométriques complexes pouvant comporter jusqu’à 11 dimensions. Macro comme micro : 11 dimensions (de 0 à 10). L’homme à l’image du Cosmos. 11 dimensions : 4+7. Ou plutôt 7+4 car les sept dimensions qui nous échappent dans la vie courante seraient plus fondamentales que les quatre perceptibles usuellement par nos sens. Il est probable que le réel dépasse scientifiquement tout ce que nous pouvons imaginer. Nous sommes comme un bout de bois dans un océan d’ignorance, ballotté par les flots, incapable de situer. Et pourtant l’humain a tendance à exister comme s’il était au centre de l’Univers alors qu’il devrait peut-être se demander si l’Univers n’est pas au centre de l’humain.

“Un être humain est une partie du tout que nous appelons « Univers »… une partie limitée dans le temps et dans l’espace. Il fait l’expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments comme séparés du reste – une sorte d’illusion de sa conscience. Cette illusion est comme une prison pour nous, nous limitant à nos désirs personnels et à n’avoir de l’affection que pour les quelques personnes qui nous sont les plus proches. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion afin d’embrasser toutes les créatures vivantes, la totalité de la nature et sa beauté.”

Albert Einstein

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